mardi 30 juin 2015

Vu en Inde, interpellations humoristiques ou métaphysiques

Questionnements indiens

A travers les clichés que l'on peut en voir ici ou là, l 'Inde, mosaïque de cultures, peut fasciner. Palais de  maharajas, fastes de certaines cérémonies, édifices divers, monuments et paysages exotiques, rues animées et bariolées peuvent contribuer à cette puissante attraction qu'elle peut exercer sur des voyageurs occidentaux.

Mais l'Inde est probablement le pays avec la plus forte densité au monde de temples ou autres édifices religieux. S'entremêlent alors dans nos esprits des images de non-violence (réelle ou supposée), de yoga, d'ayurveda (étiquette peu ou prou un tantinet galvaudée) ou, plus généralement, de spiritualité idéalisée. Pourtant, il n'est de loin pas certain qu 'un voyage de quelques semaines puisse permettre de se faire une véritable idée de la réalité ou non de ces clichés.   

Sans doute, le voyageur expérimenté arrivera-t-il à la conclusion qu'il n'est clairement pas indispensable de venir en Inde pour trouver des réponses à des questions existentielles ou métaphysiques, d'autant plus que ce pays n'a pas résolu bon nombre de problèmes relevant de ce domaine,   malgré qu'il ait connu un certain nombre d'éminentes personnalités dans le domaine des spiritualités, et pas résolu non plus ceux relevant du quotidien pour une multitude de citoyens .

Clairement, à ce jour, l'Inde n'est pas un modèle et prétendre le contraire serait se bercer d'illusions.. Le chemin sera sans doute encore très long... Mais indéniablement l'Inde interpelle quiconque, pour une raison ou une autre, est amené à y venir...

Au hasard des pérégrinations : humour ou métaphysique

En ce premier semestre 2015, à l'occasion d'un périple de quatre mois constituant le septième ou huitième voyage en Inde (si l'on inclue un bref passage en revenant du Laos et de Thailande en 1975) et quarante trois ans après notre première expérience de ce pays en 1972, nous avons relevé, en photos, certaines interrogations ou injonctions qui pourraient probablement concerner tout membre de la communauté humaine, où qu'il vive.

Humoristiques ou se voulant plus profondes, nous les livrons ici, en l'état, avec seulement quelques éventuels commentaires.

A l'arrière d'un auto rickshaw à Hampi / photo webm prana infos (2015)

Situé dans l'état du Karnataka, Hampi est un site absolument extraordinaire avec ses centaines de temples et constructions en pierre richement taillée, dispersés dans un paysage splendide de gros blocs rocheux. Une bonne partie de la visite peut se faire à pied et deux ou trois jours sur place raviront les marcheurs, s'il ne fait pas trop chaud.

Pour les autres, comme un peu partout en Inde, les conducteurs d'auto rickshaw, bien évidemment intéressés par la manne touristique, se proposent de vous faire faire un tour des principaux lieux d'intérêt.

L'un d'entre eux a décoré de façon très originale son taxi-scooter et vante ainsi la suprématie de l'énergie de l'âme sur la connaissance.

Sur la lunette arrière d'une voiture / photo webm. prana infos (2015)

"Où allez-vous passer votre éternité ? Paradis ou enfer" interpelle une inscription sur la lunette arrière d'un véhicule. Mais le temps existe-t-il vraiment ? L'éternité, ne nous y mouvons-nous pas déjà ? Cela peut d'ailleurs paraître d'autant plus cocasse que la notion de temps, vécue au quotidien, est souvent très aléatoire en Inde ...

Comme l'avait mentionné le Facteur Cheval sur le cadran solaire de son Palais Idéal à Hauterives, en France : "Ce n'est pas le temps qui passe, mais nous". Et encore: "Chaque fois que tu me regardes, tu vois ta vie qui s'en va" ...

Alors, en fonction de la compréhension qu'il peut en avoir, n'est ce pas l'être humain qui se fabrique son paradis ou son enfer ?


Sur un ghat de Varanasi / photo webm. prana infos (2015)
"Demandez-vous : qui suis-je ? " indique cette inscription sur un des ghats de Varanasi, ville sacrée de l'hindouisme, au bord du Gange. Il est vrai que tout être humain, quelles que soient ses conceptions philosophiques ou religieuses, devrait se poser cette question: "qui suis-je ?"

Sommes-nous vraiment cette personnalité et cette apparence physique que nous voyons tous les matins en nous regardant dans un miroir ? Sommes-nous réellement uniquement ce corps physique et cette fonction que nous exerçons, que nous soyons employé(e) de bureau ou de commerce, ministre, président de la république, pape, médecin, hôtesse de l'air, prostitué(e), mendiant, etc ....? Ou sommes- nous "autre chose" ?

Un Français d'une cinquantaine d'années, rencontré à Rishikesh, nous disait qu'il avait un cancer et que, d'après ses médecins, il devrait déjà être mort depuis quelques mois ... Du coup, il profitait de cette rémission pour voyager, tout en se préparant au pire, et sachant que, pour lui, il n'y avait strictement rien après la mort.

Beaucoup ne partageront pas cette vision matérialiste de la vie et diront que, bien entendu, nous avons une âme. Suivront alors probablement des déclinaisons de croyances religieuses avec leurs notions de péchés, de paradis et d'enfer. D'autres encore parleront de karma. 

Mais si au lieu de penser que nous avons une âme, nous en venions à penser que nous SOMMES une âme, qui, pour des raisons d'évolution, doit s'incarner encore et encore dans la matière et, pour ce faire, prendre un corps physique qui lui servira de "véhicule" dans cette incarnation précise, puis à nouveau un autre corps dans celle d'après, et ainsi de suite, jusqu'à atteindre ce niveau de conscience qui nous permettra de devenir un Maître de Sagesse et d'être ainsi libérés des loi de la matière ?

Est ce pour nous amener à cette réflexion qu'est posé le " Who am I ?  "  

D'ailleurs, n'était-ce pas un élément essentiel de l'enseignement de Ramana Maharshi, ce grand avatar du sud de l'Inde qui a quitté son corps en 1950 ?

A Auroville, sur le chemin pédestre menant au Matrimandir / photo webm. prana infos (2015)
Auroville, à une dizaine de kilomètres de Pondichery, dans le Tamil Nadu. Cette cité expérimentale, conçue par la "Mère" (une Française, compagne spirituelle de Sri Aurobindo) à partir d'une vision, se veut "le lieu d'une vie communautaire universelle, où hommes et femmes apprendraient à vivre en paix, dans une parfaite harmonie, au-delà de toutes croyances, opinions politiques et nationalités".

En se rendant à pied pour voir de l'extérieur le Matrimandir, cette superbe construction propice à la méditation, le simple visiteur passera par une allée reprenant des pensées de la "Mère". 

Progresser, progresser et progresser encore au fil des incarnations, se dit-on.  Mais :  "Ne pense pas à ce que tu as été, mais uniquement à ce que tu veux être et tu es sûr de progresser"

A Rishikesh, panneau relatif à la Semaine internationale de Yoga / photo webm. prana infos 

A Rishikesh, en mars 2015 / photo webm. prana infos
Lors de notre passage à Rishikesh, souvent considérée comme la capitale mondiale du yoga, l'International Yoga Week  venait juste de se terminer.

"Experience Divinity" et "Tap into your inner God".  Deux panneaux invitent à expérimenter la divinité qui est en nous et à accéder à notre Dieu intérieur.