dimanche 29 janvier 2012

Inde : "miracle" des statues buvant du lait ( 1 )

Il apparaît que toutes les religions connaissent des événements insolites, inexplicables et, à priori, irrationnels et c'est pour cette raison qu'avait été évoquée ici l'icône de tradition orthodoxe de Garges les Gonesse d'où s'écoulait en février-mars 2010 un liquide huileux. Mais, peut-être nous en rappelons nous encore, il y a déjà pas mal d'années, même les médias français avaient brièvement relaté un autre phénomène insolite, celui des statues hindoues qui "buvaient" le lait qu'on leur présentait dans une cuillère.

Ganesh : le dieu qui buvait du lait

Dans son numéro 353 de juillet-août 2004, la revue Nouvelles de l'Inde éditée par l'ambassade de l'Inde a consacré trois pages à ce phénomène étrange qui a fait parler de lui à l'échelle planétaire en 1995, article ( traduit de l'anglais par Christiane Besse) dont voici la reproduction partielle de la première page:


Extrait de l'article paru dans Nouvelles de l'Inde no 353 de juillet/août 2004



L'auteur de l'article, Shashi Taroor, y explique d'abord longuement la "nature" et la "fonction" de cette sympathique et omniprésente divinité, représentée avec une tête d'éléphant et censée supprimer les obstacles. " Ventru, trapu, la trompe bien longue (mais une défense brisée), affublé de n'importe quel costume (de l'ascète à l'astronaute) imaginé par l'artiste, Ganesh traversant les coeurs indiens sur un rat est sans doute la divinité la plus populaire de l'hindouisme."

On relèvera d'ailleurs la perception très personnelle de Dieu dans l'hindouisme, comme l'indique l'auteur de l'article :    "Car, dans mon hindouisme, la figure divine n'est pas une entité distante et sévère installée dans des cieux lointains. Dieu est immédiatement accessible tout autour de nous et il prend plusieurs formes pour ceux qui ont besoin de l'imaginer d'une façon plus intime."

Mais ce qui nous intéresse surtout ici c'est ce qui se produisit soudain en 1995, à la surprise générale. Voici ce qu'en dit l'auteur:

" A la fin de septembre 1995, le bruit courut autour du monde que des statues de Ganesh s'étaient mises à boire du lait. Dans certains cas, affirmait-on, les statues de ses divins parents , Shiva et Parvati, s'envoyaient aussi ces offrandes liquides  mais c'était Ganesh qui en lampait la part de l'éléphant. Tôt, le jeudi 21 septembre, la rumeur se répandit à Delhi que les dieux étaient en train de boire du lait; on racontait qu'une statue de Ganesh  dans un faubourg de la capitale avait déjà avalé la moitié d'une tasse. En quelques heures, le délire avait fait le tour du globe, tandis qu'affluaient les rapports venus de temples et de sanctuaires privés dans des lieux aussi éloignés que Long Island et Hong Kong, témoins du même phénomène. 

On racontait qu'à Londres, au sein du temple de Vishna  dans le quartier indien de Southall, une statue de quarante centimètres buvait des centaines de cuillerées de lait; l'auguste gazette The Times annonçait à la une qu'en vingt quatre heures, dix mille personnes l'avaient vu boire. Dans le temple Geeta Bhavan de Manchester, une statue en argent de Ganesh de huit centimètres de haut, en avait dégusté de prodigieuses quantités. D'impitoyables journalistes appartenant à des tabloïdes britanniques, à la recherche d'une fraude à débusquer, filmèrent et photographièrent le phénomène et se déclarèrent sidérés. "J'ai regardé, saisi de stupeur", confessa l'homme du Daily Star, tandis que son rival du Sun "en restait bouche bée d'incrédulité".     

En Inde, les rationalistes furent prompts à réagir. Il ne s'agissait, affirmèrent-ils, que d'une affaire de physique élémentaire. Les molécules sur la surface de pierre et de marbre avaient créé une " action capillaire " qui pompait les gouttelettes de lait. Celles-ci n'étaient pas vraiment absorbées mais formaient à la surface une fine couche visible si la statue se trouvait dans l'obscurité. Une équipe de savants nommés par le gouvernement entreprit de démontrer la chose à la télévision, en mettant de la poudre verte dans le lait : une tache verte s'étalait alors à la surface d'une statue de marbre blanc. On parla d'hystérie massive; selon d'aucuns, des prêtres indiens (qui vivent des offrandes des fidèles dans les temples) essayaient simplement de se faire un peu de clientèle; selon d'autres, ce n'était qu'une affaire de politique, soulignant le besoin pour le gouvernement Hindutva faiblissant de convertir les gogos à son credo. Le Pionner de Delhi publia la photo d'un bec émergeant de l'arrière d'un temple et d'où du lait se déversait dans un seau, suggérant par là qu'une fraude et non pas une soif divine expliquait le lait évaporé dans les lieux sacrés.

Les rationalistes et les croyants avaient probablement tous raison. C'est dans la nature de la foi, la foi scientifique pas moins que la foi religieuse, d'avoir tendance à se confirmer elle-même. J'étais en voyage au moment où l'affaire éclata et, quand on rapporta que l'absorption de lait cessait dans la plupart des lieux le vendredi après-midi, je crus avoir raté complètement le miracle. 

Une semaine plus tard, au Texas, on me parla d'une maison dans la banlieue de Houston où le phénomène avait persisté. Un peu sceptique mais très curieux, je décidai d'y aller moi-même et fus conduit là-bas en Mercedes par une femme d'affaire sikhe et avisée qui n'avait aucun intérêt pécuniaire ou religieux à voir le miracle justifié. Nous nous arrêtâmes devant une maison indienne assez quelconque; des cordes avaient été tendues dehors pour canaliser la foule qui était absente ce vendredi là, le huitième jour et ouvrable de surcroît.

La maîtresse de maison nous conduisit dans sa petite chapelle, une salle de puja fort ordinaire, comme il en existait des quantités dans les demeures hindoues autour du monde. Elle possédait un grand nombre de statues et d'images mais dont une seule buvait du lait : une minuscule figurine en terre cuite de Ganesh, pas plus de six centimètres de haut. Mon amie sikhe, la main tremblante, tendit sa cuillère vers le buste miniature et nous vîmes tous deux le lait disparaître dans le petit Ganesh.

C'était maintenant mon tour; avec une froide incompétence, je maintins la cuillère ferme, et à niveau, et le lait ne bougea pas. " Penchez-la un peu " me pressa notre hôtesse, et, alors que j'obtempérais, le lait disparut dûment dans la statue. Non pas comme si j'avais versé le lait car il aurait alors coulé différemment; et je ne l'avais pas davantage maladroitement répandu, même si une ou deux gouttes étaient tombées à terre. Non, au contraire, il semblait qu'une force inconnue avait doucement attiré le lait, peut être une action capillaire. (Om capillary actioneyeh namaha ?

La statue, nous raconta-t-on, avait été "nourrie" cent quatre vingt fois par jour pendant huit jours; ses canaux capillaires et l'ensemble de ses capacités d'absorption devaient tout de même être saturés à présent ? Tandis que nous étions plantés là à remuer ces pensées, une jeune femme indienne en jeans et tee-shirt, de toute évidence un membre de la nouvelle génération d'Américains sous-continentaux, vint prendre son tour devant la statue. Ganesh but goulûment le lait de la cuillère qu'elle lui tendit.

Notre hôtesse n'accepta ni argent, ni offrande. Son époux n'était pas un prêtre, ni un revivaliste hindou; il occupait un poste de directeur dans une compagnie de matériel informatique de Houston. Lors de notre conversation, elle montra la simple conviction religieuse de tant de femmes de classe et, je dirai, d'âge moyen; elle était émue par ce qui se passait dans sa maison, elle croyait implicitement au miracle, elle ne questionnait ni sa nature, ni ses fins, elle n'en attendait rien (en subissait d'ailleurs, de son fait, beaucoup d'inconvénients) à part la justification de sa propre foi. Chaque soir, elle baignait la petite statue et la "mettait au lit " sur un petit trône doré emmailloté de mousseline; le lendemain matin, Ganesh était de retour sur un piédestal dans la prière, plus assoiffé que jamais.

Je ne savais pas comment réagir à ce que je venais de voir. J'étais venu par curiosité et non pour explorer ou affirmer une croyance. Cette histoire de lait n'avait aucun rapport profond avec "mon" hindouisme; ma foi ne se trouvait ni renforcée, ni exaltée par par la vue d'une statue galactophage, pas plus qu'elle n'aurait été ébranlée ou diminuée par un refus de Ganesh de s'exécuter. J'étais prêt à croire qu'il pouvait y avoir une explication parfaitement rationnelle à l'affaire, mais j'étais également prêt à accepter qu'un phénomène pouvait s'être produit qui n'était pas immédiatement susceptible d'être démystifié par les scientifiques.
Je crois que le monde pose plus de questions que la science n'a encore trouvé de réponses et je n'ai donc intellectuellement aucune difficulté à m'accommoder de l'idée du surnaturel. Pas plus que n'en ont les millions d'adeptes qui se pressent dans les temples partout sur la Terre et qui ont vu dans le phénomène un simple message venu d'en haut pour indiquer que les dieux restent intéressés par les affaires du commun des mortels.

Mais les hindous ont toujours pensé qu'il en allait ainsi : le miracle du lait a simplement renforcé une hypothèse non exprimée sur la nature de la divinité. Nos dieux peuplent les rues, nous sourient ou nous regardent de travers du haut des cieux, nous bousculent pour se faire de la place dans les autobus; ils font partie de notre vie quotidienne, aussi intimes et personnels que les serviettes dont nous nous enveloppons après un bain. S'ils nous poussent hors de notre lit demain, il y aura toujours des savants pour souligner une faute géologique alors que les hindous accepteront comme un fait l'intention divine de les réveiller, juste comme ils ont accepté le miracle du lait.

L'intrusion des dieux dans nos vies à travers l'épisode laitier n'a donc rien de très aberrant. Je le répète, ils font de toute façon déjà partie de notre vie; nous nous voyons en eux, mais idéalisés.  [ ...]" (Source : Nouvelles de l'Inde)

A travers ce récit-témoignage, l'on aura compris que rationalistes et "croyants" restent sur leurs positions respectives. Et pourtant s'il y avait encore une autre explication ?   

dimanche 22 janvier 2012

2012 et l'évolution de la crise systémique globale, vues par un site d'anticipation

Dans un post du 28 juin 2011 nous avions déjà évoqué un site d'anticipation qui indique être désormais " le principal site sur la crise globale bénéficiant d'une audience mondiale", dont les communiqués publics mensuels seraient lus par plus de dix millions de lecteurs à travers le monde, et il vrai que l'analyse de LEAP 2020, bien différente de la plupart de celle des économistes et "experts" économiques et financiers ces dernières années, s'est avérée assez fondée l'année dernière dans le domaine qui est le sien.

Bien que s'agissant d'anticipations de nature économique et géopolitique ne prenant évidemment pas en  considération certains aspects très particuliers traités sur Prana infos (et pour cause, puisque s'agissant ici de considérations ésotériques et "spirituelles"), il nous a semblé intéressant de voir la façon dont l'équipe de ce site d'anticipation voit l'évolution de la "crise systémique globale" que connaît le monde actuellement. En tous cas, l'analyse économique et géopolitique de LEAP rejoint ce que ressentent beaucoup, "spécialistes" ou profanes, toutes disciplines ou  domaines confondus, sans être experts en quoi que ce soit : le monde est en train de changer profondément, sous nos yeux. Le fait de citer ici cette source ne doit évidemment pas être interprété comme une adhésion d'office aux thèses de ce site d'anticipation, mais simplement comme la prise en compte d'un point de vue intéressant dans le domaine qui est le sien. 

" 2012 : l'année du grand basculement géopolitique mondial "

Sous ce titre fortement évocateur de son communiqué public de janvier 2012, l'équipe de LEAP 2020 "anticipe une année qui ne se traduira pas uniquement par une aggravation de la crise mondiale, mais qui sera aussi caractérisée par l'émergence des premiers éléments constructifs du "monde d'après la crise" pour reprendre l'expression de Franck Biancheri dans son livre: Crise mondiale : En route pour le monde d'après."

Quelques autres extraits de ce même communiqué public no 61 daté du 15 janvier 2012 : 

"2012 sera en effet l'année du grand basculement géopolitique mondial : un phénomène qui sera sans aucun doute porteur de graves difficultés pour une grande partie de la planète, mais qui permettra également l'émergence des conditions géopolitiques propices à une amélioration de la situation dans les années à venir. Contrairement aux années précédentes, 2012 ne sera pas une année "gâchée", enlisée dans le "monde d'avant la crise", faute d'audace, d'initiative et d'imagination de la part des dirigeants mondiaux et du fait de la grande passivité des peuples depuis le début de la crise.

Nous avions qualifié l'année 2011 d'année impitoyable car elle allait faire voler en éclats les illusions de tous ceux qui pensaient que la crise était sous contrôle et qu'ils allaient pouvoir reprendre leurs "petites affaires" comme par le passé. Et 2011 fut impitoyable pour nombre de dirigeants politiques, pour le secteur financier, pour les investisseurs, pour les dettes occidentales, pour la croissance mondiale, pour l'économie US et pour l'absence de gouvernance de l'Euroland. Ceux qui se croyaient intouchables ou inamovibles ont découvert brutalement que la crise n'épargnait rien, ni personne. Cette tendance va bien entendu se poursuivre en 2012 car la crise ne respecte pas non plus le découpage du calendrier grégorien. Les derniers "intouchables"  vont en faire l'expérience : Etats-Unis, Royaume-Uni, Dollar, T-Bonds, dirigeants russes et chinois, etc...
Mais 2012 va également voir s'affirmer, surtout dans sa seconde moitié, les forces et acteurs qui vont permettre en 2013 et les années suivantes de commencer à rebâtir un système international neuf, reflétant attentes et rapports de force du XXI° siècle et non plus ceux du XX° siècle. En cela, 2012 va bien être l'année du grand basculement entre le monde d'hier et celui de demain. Année de transition, elle mêlera le pire et le meilleur. Mais, ce faisant, selon notre équipe, elle constitue quand même la première année constructive depuis 2006.

[ ... ] Et QE3 [note du webmestre : QE3 est un terme technique = quantitative easing ] jouera un rôle déterminant dans le grand basculement géopolitique mondial de 2012, car cette année verra notamment les dernières tentatives des puissances dominantes du monde d'avant la crise de maintenir leur pouvoir global, que ce soit en matière stratégique, économique ou financière. Quand nous utilisons le terme "dernières", nous voulons souligner qu'après 2012 leur puissance sera trop affaiblie pour pouvoir encore prétendre maintenir cette situation privilégiée. La récente dégradation de la plupart des pays de l'Euroland par S&P est un exemple typique de ces tentatives de la dernière chance : poussés par Wall Street et la City, et du fait de leurs besoins insatiables de financement, les Etats-Unis et le Royaume-Uni en sont arrivés au point d'engager une guerre financière ouverte avec leurs derniers alliés, les Européens. [ ... ]

Le grand basculement de 2012, c'est aussi celui des peuples. Car 2012 sera aussi l'année de la colère des peuples. C'est l'année où ils vont entrer massivement sur la scène de la crise systémique globale. 2011 aura été un "tour de chauffe" où des pionniers auront testé méthodes et stratégies. En 2012, les peuples vont s'affirmer comme les forces à l'origine des basculements majeurs qui vont marquer cette année-charnière. Ils le feront de manière pro-active parce qu'ils créeront les conditions des changements politiques décisifs via des élections (comme ce sera le cas en France avec l'éviction de Nicolas Sarkozy) ou via des manifestations massives (Etats-Unis, Monde Arabe, Royaume-Uni, Russie). Et ils feront aussi de manière plus passive en générant la crainte chez leurs dirigeants, obligeant ces derniers à une attitude "pré-emptive" pour éviter un choc politique majeur (comme ce sera le cas en Chine ou dans plusieurs pays européens). Dans les deux cas, quoiqu'en pensent les élites des pays concernés, c'est un phénomène constructif car rien d'important ni de durable ne peut émerger de cette crise si les peuples ne s'impliquent pas.

Le grand basculement de 2012, c'est encore l'effondrement accéléré du pouvoir des banques et institutions financières occidentales, une réalité que nous décrivons dans ce GEAB contrairement au discours populiste actuel qui oublie que le ciel étoilé que nous contemplons est une image d'une réalité disparue depuis longtemps. La crise est une telle accélération de l'Histoire que beaucoup n'ont pas encore compris que le pouvoir des banques dont ils s'inquiètent est celui qu'elles avaient avant 2008.  [ ... ]   

Avec un Euroland stabilisé et doté d'une gouvernance solide, la fin 2012 se présentera donc comme une première opportunité de fonder les bases d'un monde dont les racines ne plongeront plus dans l'après Seconde Guerre Mondiale. Ironiquement, c'est probablement le sommet du G20 de Moscou en 2013, le premier à se tenir hors du camp occidental, qui concrétisera les promesses de la seconde moitié de 2012. "   

Source : www.leap2020.eu

lundi 16 janvier 2012

Patrick Viveret : la spiritualité en temps de crise économique

Il en a été largement question ce week-end: la France vient de perdre son triple A. De quoi alimenter les débats, mais aussi les querelles entre politiques de tous bords. Mais s'agit il d'une crise économique ou de quelque chose de beaucoup plus vaste, de beaucoup plus fondamental qui touche tous les aspects de la vie , au niveau mondial ? Ne faudrait-il pas parler de crise spirituelle ? Jusqu'où faudra-t-il aller dans l'effondrement de ce monde  actuel pour comprendre ?

La spiritualité en temps de crise économique

Notre post du 20 novembre 2011 faisait déjà état de l'article paru dans TGV Magazine et intitulé "La crise, une opportunité" dans lequel on découvrait le point de vue de Bernard Montaud et Patrick Viveret. Le 1er janvier 2012 l'émission "Les racines du ciel" de Frédéric Lenoir et Leili Anvar accueillait Patrick Viveret sur le thème "La spiritualité en temps de crise économique". 

Comment avoir un autre regard sur la crise, qui ne soit pas un regard défaitiste, qui permette de croire en des solutions et dont il faudra essayer de mettre en oeuvre les meilleures ?

Les premières minutes de cette émission de près d'une heure donnent le ton. Ce qui rend la crise systémique, ce qui est commun à la partie financière, mais aussi écologique, sociale ou plus généralement politique de la crise, c'est la démesure.

Démesure dans nos rapports à la nature en prenant pour exemple les ressources fossiles accumulées pendant des millions d'années, comme le pétrole, qui sont exploitées et gaspillées en quelques générations. Démesure également à travers les atteintes majeures à la diversité; son constat également dans le dérèglement du climat avec les phénomènes extrêmes que cela produit.

Démesure dans le domaine social où le creusement des inégalités produit le fait qu'à l'échelle planétaire, la fortune personnelle de 225 personnes est égale aux revenus cumulés de deux milliards et demi d'êtres humains. La première fortune mondiale représente 55 millions de fois le seuil de pauvreté mondial. A l'échelle hexagonale, la première fortune française représente 23 millions de fois le seuil de pauvreté mondial.

Présente également sur le plan financier, la démesure amène à ce constat terrible : sur les transactions financières quotidiennes, seulement 2,7 % correspondent à des biens et services réels. Le reste, les 97 % restants relèvent de la logique spéculative.

Or, indique Patrick Viveret, la démesure est elle-même en lien avec du mal-être et du mal de vivre. D'après un rapport mondial sur le développement humain, les sommes qui étaient nécessaires pour traiter les besoins vitaux de l'humanité, la faim, les soins de base, le logement, l'accès à l'eau potable, représentaient moins de 10 fois, par exemple, les sommes qui étaient dépensées chaque année pour la drogue et les stupéfiants (que l'on peut considérer étant directement l'économie de gestion du mal-être). L'économie de l'armement représentait elle 20 fois ces sommes nécessaires pour les besoins vitaux.

Quant à la publicité, chaque année, on dépense dix fois plus en publicité que ce que l'on fait  sur la faim, les soins de base, le logement, l'eau potable... C'est ce qui amène Patrick Viveret à dire que la publicité, pour l'essentiel, est une forme de gestion consolatrice de notre mal-être. C'est à dire, plus nous sommes dans la destruction de la nature, plus la publicité met en scène la beauté; plus nous sommes dans la rivalité, le stress, la compétition, et plus la publicité met en scène la paix, l'amour, l'amitié; plus nous sommes dans l'absence de vie intérieure, et plus on va mettre en scène des gens qui méditent...

La publicité est une formidable dérivation du désir pour nous donner ce que des philosophes appelleraient une promesse dans l'ordre du développement de l'être, mais pour mieux nous faire consommer dans l'avoir.

Toujours d'après Patrick Viveret, si on met en rapport ce couple démesure et mal de vivre qui est au coeur aussi bien de la crise financière, écologique, sociale, etc, on va comprendre aussi, positivement parlant, que le couple positif c'est celui que, par exemple, Pierre Rabhi appelle la sobriété heureuse , c'est à dire à la fois , d'un côté, l'acceptation des limites, et puis, de l'autre, une qualité de vie supérieure.

Dans la relation être/avoir, beaucoup ont fait de l'argent une fin au lieu de le considérer seulement comme un moyen. Dans la phase critique que nous connaissons actuellement, l'humanité peut dès lors se perdre, mais, en même temps, on peut y percevoir une situation pouvant lui permettre un saut qualitatif dans sa propre harmonisation.

Et de citer encore le Wall Street Journal qui, dans un éclair de lucidité dans un de ses éditoriaux, aurait écrit: "Wall Street ne connaît que deux sentiments: l'euphorie ou la panique" , ce qui est exactement la définition de la psychose maniaco-dépressive, dit Patrick Viveret. Il lui semble donc qu'il faut aller vers un projet de société de bien-vivre et qu'il faut réencastrer l'économie dans l'éthique.
 
Une émission de France-Culture de 55 minutes, un entretien extrêmement intéressants:

Les racines du ciel: La spiritualité en temps de crise

mardi 10 janvier 2012

Tobin or not Tobin : comment désarmer les marchés financiers ?

Taxe Tobin

Les médias s'en sont fait l'écho ces jours-ci et l'on aura peut-être noté à la fois avec intérêt et avec surprise le soudain revirement de position de l'actuel président français et sans doute futur candidat aux prochaines élections. Et les médias n'ont pas manqué de relever ses déclarations passées indiquant qu'il était impossible et suicidaire pour un seul pays d'instaurer une taxe sur les transactions financières, alors que présentement il se dit prêt à l'instaurer de manière unilatérale en cas d'absence d'accord dans la zone euro, comptant sur l'effet d'entraînement d'une telle mesure. Volonté et conviction réelles ou bluff et manoeuvre politiques ?

L'on connaît l'opposition des milieux financiers et en particulier des forces et des lobbies gravitant autour de la City de Londres, opposition relayée également pour divers motifs par des forces conservatrices et dites libérales à travers le monde, et l'on n'en est guère surpris. 

 Les marchés financiers

S'il est un avis à prendre en compte sur le sujet, c'est bien celui d'Attac (Association pour la taxation des transactions financières et pour l'action citoyenne) qui "promeut et mène des actions de tous ordres en vue de la reconquête, par les citoyens, du pouvoir que la sphère financière exerce sur tous les aspects de la vie politique, économique, sociale et culturelle dans l'ensemble du monde."  Et Attac revendique depuis sa création en 1998 l'application d'une taxe sur les transactions financières... Quelle est son analyse ?

"En théorie, les marchés financiers sont supposés collecter l'épargne en vue de permettre le financement d'investissements à grande échelle, assurer l'allocation des capitaux entre les différents secteurs et projets et, enfin, offrir des instruments de gestion des risques. En réalité, voilà bien longtemps que les marchés financiers n'ont plus qu'un lien indirect avec le financement des échanges et des investissements dans l'économie réelle et que les produits en plein essor qui s'y échangent servent essentiellement à spéculer.

Depuis les années 80, les marchés financiers ont été le théâtre de profondes mutations, ont connu une profonde dérèglementation et une libéralisation financière radicale. Les mouvements de capitaux ont connu un développement explosif sans aucune commune mesure avec les transactions sur les biens et les services. La globalisation financière s'est traduite par la libre circulation des capitaux, à l'échelle internationale comme à l'intérieur des différents marchés : marché monétaire, marché des changes, marchés financiers, marchés à terme, marchés dérivés. En même temps, cette mondialisation financière s'est accompagnée d'un foisonnement de nouveaux titres, procédés et montages financiers qui défient toute imagination. Elle est porteuse d'une instabilité accrue et de bulles spéculatives. L'interconnexion des marchés favorise les phénomènes de contagion et des crises de plus en plus graves secouent l'ensemble du système financier et, par delà, l'ensemble de l'économie mondiale.

Aujourd'hui les marchés financiers ont acquis un pouvoir tel qu'il leur permet de dicter leurs volontés aux Etats, gouvernements et entreprises. Ils ont réussi à imposer aux entreprises cotées l'augmentation de la rentabilité pour les actionnaires, la création de la valeur actionnariale et un partage des richesses défavorable au travail. Ils sont aussi en mesure d'imposer leur loi aux Etats. Au cours des dernières décennies, des crises financières ont durement frappé des pays en développement, basculant les populations de pays asiatiques ou d'Amérique latine dans plus de pauvreté, creusant davantage les inégalités.

La crise financière que nous traversons aujourd'hui à l'échelle internationale et la spéculation qui s'est déchaînée contre les pays de la zone euro montrent que nul pays n'est à l'abri. Il est grand temps de se libérer de la dictature des marchés financiers et d'en finir avec le caractère fondamentalement injuste, absurde et instable de l'économie mise exclusivement au service du profit des spéculateurs." (Source : www.france.attac.org)

Cette analyse résume l'enjeu actuel dont bien des peuples dans le monde et des salariés , y compris en France et en  Europe, font les frais de façon très concrète. Alors voulons-nous continuer à nous soumettre aux jeux spéculatifs et au pouvoir de l'économie-casino qui, insidieusement, a été mis en place, ou sommes nous prêts à reprendre le contrôle de l'économie pour en faire un outil au service de tous les habitants de la planète ?

Un exemple

Si ces notions, souvent noyées dans des argumentations très techniques, dépassent le plus souvent le citoyen de base, d'autant plus que, paraît-il, ce domaine est l'affaire de "spécialistes", il semble effectivement grand temps de se réveiller et de prendre conscience des mécanismes qui peu à peu ont imposé leur sournoise dictature au monde. 

Divers groupes et des individus essayent de sensibiliser l'opinion publique et l'on trouve actuellement sur internet une vidéo-enquête récente sur Goldman Sachs (réalisée avec la participation de Canal +, de Planète + et la collaboration de la RTBF), intitulée "Les nouveaux maîtres du monde".

jeudi 5 janvier 2012

Davos 2012: The Great Transformation ? Vers de nouveaux modèles ?

Forum économique mondial de Davos


Davos sera à nouveau sous le feu de l'actualité à travers son Forum économique mondial qui se tiendra dans cette station des Alpes suisses du 25 au 29 janvier 2012 et l'on pouvait se demander dans quelle mesure les transformations se produisant actuellement dans le monde allaient être abordées dans le cadre de ce forum annuel dont l'objectif affiché est d'améliorer l'état du monde.

Si le Forum s'est ouvert au fil des années à des ONG, à des représentants de traditions spirituelles (on y a vu notamment Matthieu Ricard, interprète du Dalai Lama), des journalistes ou intellectuels, et si  on y note également la présence d'hommes politiques influents ou en exercice, la partie prépondérante des participants (sur invitation) provient cependant du monde de l'économie et des affaires, qui le financent. Et il n'est de loin pas évident que ces décideurs économiques, plongés dans leurs vieux schémas de compétition, de croissance exacerbée et d'accumulation de richesses, aient majoritairement à l'esprit le sens du bien public et  l'établissement d'un monde plus juste et durable.

Alors que les citoyens du monde entier réalisent chaque jour davantage que notre monde déboussolé court à la catastrophe s'il reste sur sa lancée actuelle et prennent progressivement conscience de la nécessité et de l'urgence de profonds changements, il est bien sûr intéressant de voir si ces mêmes préoccupations germent également au niveau des idées des "décideurs" actuels. Ont-ils pris conscience de l'impasse dans laquelle notre monde s'est fourvoyé et des aspirations des peuples qui, de plus en plus fortement, exigent, un autre monde ?

"The Great Transformation: Shaping New Models"

"La Grande Transformation : façonner de nouveaux modèles" (The Great Transformation: Shaping New Models ), telle est, d'après l'Executive Summary,  le thème général qui est proposé aux participants cette année.

Ce texte, en anglais, partant du constat que nous vivons à l'époque la plus complexe, à l'interdépendance très marquée et en évolution rapide, estime qu'elle constitue également le contexte dans lequel s'exercera le leadership dans l'avenir prévisible. Le forum 2012 se veut donc, en quelque sorte,  une plateforme permettant d'échanger des idées sur ce qui a fondamentalement changé dans le monde, d'explorer de nouveaux modèles conceptuels qui émergent, de catalyser la recherche de solutions et collaborer sur les risques mais aussi les perspectives et opportunités, afin que les dirigeants exercent leurs responsabilités conjointement, avec audace et de façon déterminante pour améliorer l'état du monde pour les générations futures.

Si une préoccupation majeure est exprimée sur le plan économique, à savoir, comment se désendetter sans retomber dans la récession en ce qui concerne les pays développés, et comment juguler l'inflation et éviter de futures bulles économiques pour les pays émergents, le Forum entend porter la réflexion sur quatre sous-thèmes:
- modèles de croissance et emploi
- modèles de leadership et d'innovation 
- modèles de durabilité et des ressources
- modèles sociaux et technologiques

Participation record attendue

Divers médias (dont 20 minutes et Boursorama) ont repris en l'état, avant noël, une dépêche de l'AFP faisant mention d'une forte demande pour ce Forum. L'on peut y lire:

"Plus le monde va mal, plus il y a d'intérêt pour le Forum économique mondial" de Davos, a déclaré devant la presse M. Schwab, président fondateur de ce forum qui rassemble chaque année en Suisse le gratin mondial de la politique, de la finance et du monde des affaires." [...]
"Le monde est dans un état de burn-out (épuisement) total, et Davos est une sorte de sanatorium", une sorte de plate-forme pour comprendre ce qui se passe dans le monde, a expliqué son président." 

L'on y apprend également que pratiquement tous les chefs d'Etat ou de gouvernement  européens seront présents et que "Les banques centrales seront également bien représentées avec notamment la présence confirmée de Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne (BCE)" et que son prédécesseur à cette fonction a également été invité.

En examinant le programme

L'on peut être surpris par la qualité des diverses citations qui figurent dans le programme, en anglais. Ainsi pour annoncer la première activité du 25 janvier, il est fait référence à Albert Schweitzer : "The purpose of human life is to serve and to show compassion and the will to help others" que l'on pourrait rendre par " Le but de la vie humaine est de servir et de manifester compassion et volonté de servir autrui ", citation que ne renieraient pas de grands Sages.

Comment ne pas relever celles de Platon : " The part can never be well unless the whole is well " et d' Edward de Bono : " Creativity involves breaking out of established patterns in order to look at things in a different way " .

Et parmi bien d'autres, notamment d' Einstein, Isaac Asimov, Le Corbusier, Jimi Hendrix, Victor Hugo, Vincent Van Gogh, Leon Tolstoi, Thomas Edison, Ciceron, Aristote, reprenons celles de Lao Tseu : " The key to growth is the introduction of higher dimensions of consciousness into our awareness ", d'Anatole France : " To accomplish great things, we must not only act but also dream. Not only plan but also believe " et de Charlie Chaplin : " Life can be wonderful if you're not afraid of it. All it takes is courage, imagination... ".

Alors que pourtant ces citations et l'évocation de nouveaux modèles, de collaboration inspirée, d'idées et de solutions audacieuses, de courage, de développement durable,semblent constituer autant d'appels au changement, en consultant la liste des partenaires et participants de ce Forum, avec notamment quelques grands noms de la  finance, l'on en vient à penser qu'il serait prématuré et illusoire d'espérer un changement notable d'orientation de leur influence dans un sens plus positif pour la collectivité, à moins d'un évènement extraordinaire... 

Alors, pour se motiver, encore deux citations du programme:

"Small acts, when multiplied by millions of people, can transforme the world"   Howard Zinn

"You must be the change that you want to see in the world"   Mahatma Gandhi


http://www.weforum.org/events/world-economic-forum-annual-meeting-2012

dimanche 1 janvier 2012

Awakening - Bonne année 2012 Happy New Year

Bonne année 2012 et meilleurs voeux à tous.

Puissent cette année 2012 et les suivantes nous permettre de prendre conscience, à l'échelle de l'humanité, de notre nature réelle. Puissent les profondes transformations, de tous ordres, qui s'opèrent sur notre planète, sous nos yeux, nous permettre d'être réceptifs aux nouvelles énergies de l'ère du Verseau; puissent ces mêmes énergies éveiller en nous le sentiment d'Unité et nous aider à nous réveiller, à réaliser que nous sommes tous reliés, que tout est relié et à mettre en oeuvre coopération, partage, justice et paix.

Puissent tous les êtres vivre en paix
Mögen alle Wesen in Frieden leben
May all beings live in peace



Et pour commencer cette année 2012, encore une pause musicale avec deux morceaux de ces habitués du Rainbow Spirit Festival que sont Deva Premal & Miten, le premier étant de circonstance: Awakening




De la musique pour l'âme


Moola mantra. Le second morceau, un grand cadeau qu'ont fait Deva Premal & Miten, présente une plage de musique méditative de 38 minutes, ce qui n'est pas courant !