mardi 10 janvier 2012

Tobin or not Tobin : comment désarmer les marchés financiers ?

Taxe Tobin

Les médias s'en sont fait l'écho ces jours-ci et l'on aura peut-être noté à la fois avec intérêt et avec surprise le soudain revirement de position de l'actuel président français et sans doute futur candidat aux prochaines élections. Et les médias n'ont pas manqué de relever ses déclarations passées indiquant qu'il était impossible et suicidaire pour un seul pays d'instaurer une taxe sur les transactions financières, alors que présentement il se dit prêt à l'instaurer de manière unilatérale en cas d'absence d'accord dans la zone euro, comptant sur l'effet d'entraînement d'une telle mesure. Volonté et conviction réelles ou bluff et manoeuvre politiques ?

L'on connaît l'opposition des milieux financiers et en particulier des forces et des lobbies gravitant autour de la City de Londres, opposition relayée également pour divers motifs par des forces conservatrices et dites libérales à travers le monde, et l'on n'en est guère surpris. 

 Les marchés financiers

S'il est un avis à prendre en compte sur le sujet, c'est bien celui d'Attac (Association pour la taxation des transactions financières et pour l'action citoyenne) qui "promeut et mène des actions de tous ordres en vue de la reconquête, par les citoyens, du pouvoir que la sphère financière exerce sur tous les aspects de la vie politique, économique, sociale et culturelle dans l'ensemble du monde."  Et Attac revendique depuis sa création en 1998 l'application d'une taxe sur les transactions financières... Quelle est son analyse ?

"En théorie, les marchés financiers sont supposés collecter l'épargne en vue de permettre le financement d'investissements à grande échelle, assurer l'allocation des capitaux entre les différents secteurs et projets et, enfin, offrir des instruments de gestion des risques. En réalité, voilà bien longtemps que les marchés financiers n'ont plus qu'un lien indirect avec le financement des échanges et des investissements dans l'économie réelle et que les produits en plein essor qui s'y échangent servent essentiellement à spéculer.

Depuis les années 80, les marchés financiers ont été le théâtre de profondes mutations, ont connu une profonde dérèglementation et une libéralisation financière radicale. Les mouvements de capitaux ont connu un développement explosif sans aucune commune mesure avec les transactions sur les biens et les services. La globalisation financière s'est traduite par la libre circulation des capitaux, à l'échelle internationale comme à l'intérieur des différents marchés : marché monétaire, marché des changes, marchés financiers, marchés à terme, marchés dérivés. En même temps, cette mondialisation financière s'est accompagnée d'un foisonnement de nouveaux titres, procédés et montages financiers qui défient toute imagination. Elle est porteuse d'une instabilité accrue et de bulles spéculatives. L'interconnexion des marchés favorise les phénomènes de contagion et des crises de plus en plus graves secouent l'ensemble du système financier et, par delà, l'ensemble de l'économie mondiale.

Aujourd'hui les marchés financiers ont acquis un pouvoir tel qu'il leur permet de dicter leurs volontés aux Etats, gouvernements et entreprises. Ils ont réussi à imposer aux entreprises cotées l'augmentation de la rentabilité pour les actionnaires, la création de la valeur actionnariale et un partage des richesses défavorable au travail. Ils sont aussi en mesure d'imposer leur loi aux Etats. Au cours des dernières décennies, des crises financières ont durement frappé des pays en développement, basculant les populations de pays asiatiques ou d'Amérique latine dans plus de pauvreté, creusant davantage les inégalités.

La crise financière que nous traversons aujourd'hui à l'échelle internationale et la spéculation qui s'est déchaînée contre les pays de la zone euro montrent que nul pays n'est à l'abri. Il est grand temps de se libérer de la dictature des marchés financiers et d'en finir avec le caractère fondamentalement injuste, absurde et instable de l'économie mise exclusivement au service du profit des spéculateurs." (Source : www.france.attac.org)

Cette analyse résume l'enjeu actuel dont bien des peuples dans le monde et des salariés , y compris en France et en  Europe, font les frais de façon très concrète. Alors voulons-nous continuer à nous soumettre aux jeux spéculatifs et au pouvoir de l'économie-casino qui, insidieusement, a été mis en place, ou sommes nous prêts à reprendre le contrôle de l'économie pour en faire un outil au service de tous les habitants de la planète ?

Un exemple

Si ces notions, souvent noyées dans des argumentations très techniques, dépassent le plus souvent le citoyen de base, d'autant plus que, paraît-il, ce domaine est l'affaire de "spécialistes", il semble effectivement grand temps de se réveiller et de prendre conscience des mécanismes qui peu à peu ont imposé leur sournoise dictature au monde. 

Divers groupes et des individus essayent de sensibiliser l'opinion publique et l'on trouve actuellement sur internet une vidéo-enquête récente sur Goldman Sachs (réalisée avec la participation de Canal +, de Planète + et la collaboration de la RTBF), intitulée "Les nouveaux maîtres du monde".