Pourquoi en parler ?
L'Inde est assurément une mosaïque de peuples et de croyances, et, parmi bien d'autres arguments à faire valoir, c'est justement l'un des aspects qui rend ce pays si fascinant. Ainsi hindouisme, jaïnisme, sikhisme, islam, bouddhisme, parsisme, christianisme sont-ils les principales religions qu'un voyageur pourra rencontrer en Inde.
Ainsi donc ce pays compte t'il également en Occident son lot d'amoureux de l'Inde, même si la découverte du pays, une fois sur place, surtout si l'on voyage par ses propres moyens, en individuel, peut s'avérer quelquefois laborieuse.
Bien sûr, en dépit d'une certaine aura de spiritualité, ce pays est très loin d'être un modèle, même s'il a beaucoup changé ces dernières années. Ainsi nous a t'il été donné de constater que, depuis notre premier voyage en Inde en 1972, de profondes transformations avaient eu lieu, particulièrement visibles sur le plan économique.
Par contre, outre la pauvreté frappant une grande partie de la population, une chose n'aura certainement pas échappé au voyageur: le fait que de nombreux citoyens indiens en soient encore réduits à déféquer en plein air.
Jairam Ramesh : courage politique ou inconscience ?
Pourtant il semble qu'il existe l'une ou l'autre personnalité d'envergure nationale souhaitant s'attaquer à ce problème.
Ainsi le site du média indien NDTV signale t'il que début octobre 2012, Jairam Ramesh, ministre du développement rural de l'Inde, également " Ministry of Drinking Water and Sanitation", a en effet déclaré qu'il pensait que les toilettes étaient plus importantes que les temples. Pour lui, peu importe le nombre de temples fréquentés, ce n'est pas ce qui va nous apporter le salut, dit-il. Et d'ajouter encore que le pays a plus besoin de toilettes que de temples et qu'il faut agir prioritairement en ce sens.
Bien entendu ces propos ont suscité un remue-ménage politique. Ainsi le BJP (Bharatiya Janata Party), l'un des principaux partis politiques, de tendance nationale-hindouiste, s'en prenant violemment aux remarques de Mr Ramesh, a t'il déclaré qu'on ne devrait pas entrer dans ce débat pour savoir ce qui d'un temple ou d'un wc est le plus important.
Pour le porte-parole du BJP, l'Inde est un pays multiculturel où devrait prévaloir une foi inaltérable en un temple, une mosquée, un gurdwara (sikh) ou une église. L'on ne peut donc mettre sur le même plan, toilettes et lieux d'adoration religieuse, d'après lui.
Même le propre parti de Mr Ramesh, le Parti du Congrès, embarrassé, semblait désapprouver ses propos, son porte-parole précisant que que le Parti du Congrès croyait fermement au sarvadharmasambhav , impliquant un respect identique pour toutes les religions et tous les lieux religieux.
Pourtant, Mr Ramesh venait de lancer le "Nirmal Bharat Yatra", une campagne dont l'objectif est de débarrasser le pays de la défécation en plein air et d'assurer un environnement sanitaire adéquat dans l'Inde rurale.
Dans un article ultérieur, NDTV indique que, s'adressant le 21 octobre 2012 à des résidents de la région de Kota, dont une majorité de femmes, Jairam Ramesh conseillait vivement aux femmes indiennes de ne pas se marier dans des familles ne disposant pas de toilettes dans leurs habitations, répétant ce slogan : "No toilet, no brid", à savoir: "Pas de toilettes, pas de mariée".
"Avant de vous marier, vous consultez bien des astrologues pour vous assurer de la position des planètes et des prédispositions des étoiles pour la pertinence de votre mariage, vous devriez également vérifier s'il y a des toilettes au domicile de votre futur époux, avant de vous marier." Et de relater le récit d'une femme qui venait de quitter le domicile de son mari, dans le Madhya Pradesh, deux jours après le mariage, pour protester contre l'absence de sanitaires.
Notant que les installations sanitaires constituent un problème touchant à la dignité et à la sécurité des femmes, Ramesh a déclaré que le "Nirmal Bharat Abhiyan" est un mouvement populaire visant à éradiquer, dans les 10 ans, la défécation en plein air.
Dans le même temps avaient lieu à différents endroits des protestations contre ses déclarations relatives aux temples et aux toilettes.
Dans le même temps avaient lieu à différents endroits des protestations contre ses déclarations relatives aux temples et aux toilettes.
Source : NDTV
Aussi étonnant que cela puisse paraître, ne peut-on cependant considérer que l'engagement d'un homme désireux d'améliorer les conditions d'hygiène, et donc de vie de ses concitoyens, peut lui aussi relever de la "spiritualité", notion bien différente de la "religion", s'il est dépourvu de toute autre visée ?