mardi 12 février 2013

Pérou : les mystérieuses pistes de Nazca

Pérou, terre d'énigmes

De nombreuses personnes pressentent que notre conception et vision du monde telle qu'elle est encore largement acceptée actuellement est à la veille de connaître de profonds bouleversements. D'innombrables énigmes se trouvent disséminées de par le monde (ainsi que, plus largement, dans le cosmos) , et le Pérou est assurément une de ces contrées de notre planète qui nous interpelle par bien des aspects.

C'est bien ce qui nous a poussé en 1976 à effectuer un voyage à la fois en Bolivie, surtout pour la visite de la mystérieuse cité de Tiahuanaco, mais essentiellement au Pérou où l'on cherche toujours des réponses à la présence d'impressionnants monolithes et à des sites comme Sachshuaman, Machu Picchu, Nazca, Occucaje / Ica , pour ne parler que de ceux-là.

C'est pourquoi, avant fin mars prochain, nous prévoyons de consacrer deux autres posts à des énigmes péruviennes, plus en tant que sensibilisation à l'existence de ces mystères qu'une explication reconnue et acceptée qu'on cherche d'ailleurs toujours, malgré les diverses hypothèses en présence.

Comme le dit Maria Reiche dans l'introduction de son livre trilingue "Geheimnis der Wüste"- "Mystery on the desert"-, "Secreto de la pampa", paru en 1968, le Pérou est sans doute le pays le plus intéressant d'Amérique du Sud, à la fois pour ses constructions cyclopéennes, pour la survivance d'anciennes langues et coutumes, etc...  

"Le Pérou est connu comme le pays des Incas. Cependant le règne des Incas ne fut que le dernier stade d'un long développement culturel dont les origines remontent au second millénaire avant J.C." y explique-t-elle.



Les pistes de Nazca

A vrai dire, à notre connaissance, n'existait en 1976 que peu de documentation sur les "pistes" de Nazca. Outre peut-être des articles dans les revues Kadath ou Atlantis, n'existaient guère en français qu'un livre de Robert Charroux, paru en 1974, et un livre plus généraliste d'Alban Vistel qui y consacre une page dans "L'Homme des Andes" paru en 1976.

 En 1977 s'y rajouta un livre très documenté de Simone Waisbard , intitulé "Les pistes de Nazca" (Editions Robert Laffont). Il ne fallait donc guère s'étonner que ces étranges lignes et figures soient demeurées inconnues du public jusque vers 1980 où des tour-opérators français connus ont commencé à intégrer le site de Nazca dans leurs circuits au Pérou.  




A noter qu'en 1994, les géoglyphes de Nazca ont été inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Voici d'ailleurs la description brève qu'en donne le site de l'UNESCO [à présentation forcément prudente] :

"Situés dans la plaine côtière aride du Pérou à quelque 400 km au sud de Lima, les géoglyphes de Nazca et de Pampas de Jumana couvrent entièrement 450 km². Ces lignes tracées dans le sol entre 500 av. J.-C. et 500 après J.-C. , soulèvent une des grandes énigmes de l'archéologie en raison de leur quantité, de leur nature, de leur taille et de leur continuité. Certains de ces géoglyphes représentent des créatures vivantes, d'autres des végétaux stylisés ou des êtres fantastiques, d'autres encore des figures géométriques de plusieurs kilomètres de long. On suppose qu'ils auraient eu une fonction rituelle liée à l'astronomie." 

Source : http://whc.unesco.org/fr/list/700/

Vue d'avion: oiseau dont le bec finirait sur une ligne indiquant le soleil levant le 21 décembre / photo (1976) prana infos
Motifs de dessins relevés par Maria Reiche
Motifs de dessins relevés par Maria Reiche
                                                                                                                             
Quelques motifs relevés par Maria Reiche / Source : Geheimnis der Wüste (1968)

Genèse de la découverte des "pistes" de Nazca (tentative de synthèse)

Avant 1926 : D'après Simone Waisbard, ces "dessins" furent très succinctement mentionnés au 16e siècle par Cieza de Léon, l'un des chroniqueurs espagnols les plus réputés de la Conquête du Pérou incaïque. On trouve également trace en 1586 d'un rapport du Corregidor Luis de Monzon au vice-roi Toledo, qui pourrait évoquer ces pistes de Nazca.

1926 : L'archéologue péruvien Mejia Xesspe découvre les géoglyphes. Treize ans plus tard, il rend publique sa théorie selon laquelle les lignes pourraient constituer des routes à usage religio-cerémoniel.

1927 : Au cours de recherches dans la vallée du rio Grande, Julio-César Tello, le célèbre "père" de l'archéologie péruvienne, fut intrigué par la phrase sibylline de Cieza de Leon et mit ainsi Paul Kosok sur la voie de la "découverte" des glyphes. 

1930 : George E. Johnson précéda Kosok dans les airs de Nazca. Idem, ensuite, pour le commandant Péri, en hélicoptère.

1939 :  Le 22 juin 1939, par une heureuse coïncidence, l'astronome américain Paul Kosok, spécialiste en paléo-irrigation, mandaté par l'Université de Long Island pour étudier les ouvrages hydrauliques des anciens Péruviens, survole le site et distingue "sur l'un des déserts les plus secs du monde", la monumentale cryptographie des Nazcas. Et c'est avec lui que naît officiellement "la plus inexplicable énigme archéologique de tous les temps !"

1946 :  Maria Reiche, diplômée en mathématiques (pour une thèse sur les groupes algébriques) et en astronomie, qui a eu la chance de rencontrer quelque temps auparavant le Dr Jullio Tello, grand archéologue péruvien, débute ses travaux sur le plateau . Elle est également persuadée de la finalité astronomique du site et pense y voir la structure d'un immense calendrier. Ceci pourrait correspondre avec des chroniques espagnoles du 16e siècle, selon lesquelles les Péruviens devaient être en possession d'un calendrier créé d'après des observations très précises du ciel.

1954 : Simone Waisbard, américaniste, ultérieurement également membre de la Société Géographique de Lima et ultérieurement aidée par d'éminents archéologues péruviens dans ses travaux, s'installe au Pérou et prend connaissance de ces "pistes", auxquelles elle consacrera plus tard un livre.    

Source principale :  Les pistes de Nazca, de Simone Waisbard

Nazca : Vue d'avion d'une "piste" / photo webm. prana infos (1976)


Nazca, vue d'avion : lignes et dessins , un extraordinaire rébus  / photo (1976) webm. prana infos

Par qui ? pourquoi ? et comment ?

C'est à ces questions que se propose d'essayer de donner des réponses le livre de Simone Waisbard. Reprenons un passage de sa quatrième de couverture:

"Que sait-on de ces fameux "dessins" qui couvrent 500 kilomètres carrés de pampas désertiques du Sud Péruvien ? Brodées "en pointillé" sur des sables lunaires avec des cailloux oxydés, que signifient ces étranges lignes démesurées, ces gigantesques pistes géométriques et ces immenses figures stylisées d'oiseaux, d'animaux, de plantes et de dieux ? Ne peut-on les comprendre que du ciel ? Sont-ils alors l'oeuvre symbolique des mystérieux "Hommes-Volants" qui planent sur les "mantos" d'apparat des 429 princes momifiés de Paracas ? Les schémas chorégraphiques d'un culte érotique de la fertilité ? Les observatoires d'un zodiaque magico-religieux pour programmer l'avenir ? ... "   


Vue d'avion.   Des signes destinés à être vus d'en haut ?  / photo (1976) webm. prana infos
Nazca : le singe avec une main à quatre doigts et la queue enroulée à l'envers / photo 1976 webm. prana infos 
Monkey geoglyphs on Nazca planes - Photo 16 mai 2008 par Markus Leupold-Löwenthal  - Licence Creative Commons

Quelques extraits du livre de Simone Waisbard :

"  [...] Tout y est défi à notre entendement ...Que d'innombrables siècles se soient écoulés sans effacer les bizarres marques des sables ... Qu'un ancien peuple soit parvenu à étirer sur des terrains irréguliers, sans instruments de précision, des dizaines de kilomètres de lignes rigoureusement rectilignes... Que d'antiques prêtres-astronomes aient réussi à calquer sur le sol, à des dimensions colossales, les totems stellaires que leur inspira la patiente contemplation du ciel... Que privés de moyens mécaniques et d'engins aériens, ils aient pu et su comme voir d'en haut la monumentale "tapisserie" de pierres mathématiquement alignées...

Et parlant des autres réalisations de la civilisation des Nazcas :

" Et ce leitmotiv obsédant d'Hommes volants, planant à l'horizontale, entourés de serpentins qui flottent autour d'eux, ou la tête en bas, comme tombant "en piqué" des nues, brodés sur les somptueux vêtements des momies ? "

Quel sens donner à ces lignes se déroulant sur des kilomètres sur des terrains irréguliers, voisinant avec diverses représentations stylisées, notamment d'oiseaux et d'animaux ? Quelle ancienneté donner à ce que l'auteur qualifie d'incroyable "codex" des sables ?  Deux mille ans ? trois mille ans ? ou plus ?

Pourquoi cette étonnante couleur du sol qui peut surprendre à la vue des photos ? Les pierres de surface riches en oxyde de fer ont été au fil du temps fragmentées et désagrégées par les éléments en morceaux de 5 à 10 cms, donnant "aux pampas de Nazca une patine marron, tirant par endroits, sur le rouge ou le violet, tout à fait caractéristique".

"L'un des seuls points sur lequel tous les archéologues sont d'accord avec Paul Kosok, est le système employé pour faire les marques de Nazca par raspaje, c'est à dire, raclage pu plus exactement, déblaiement et nettoyage du sol. Les cailloux noircis par leur exposition à l'air, furent repoussés et entassés sur les côtés afin de mettre à nu, entre les deux bords, le terrain ocré plus clair et obtenir par contraste, des lignes facilement visibles. Ce qui représente, on s'en doute, des prouesses topographiques inouies ! Et une patience mystique pour balayer d'aussi vastes surfaces de désert !

"Jamais de pluie, jamais d'orage, jamais de tempête, tels sont les facteurs uniques au monde qui épargnèrent et assurèrent la pérennité millénaire des fameux "dessins" ! "

Le décor : désert, oui mais à préciser ceci :

" Ce décor est celui d'un véritable reg désolé, avec des dunes géantes et mouvantes qui le bornent au lointain, d'énormes "croissants" de sable blanc qui coupent parfois dangereusement la route, des lits de rocaille parsemée d'ossements de mastodonte à peine enfouis...

Pas la moindre apparence de végétation ni de vie, un désert mort comme la lune, sur une largeur de quarante à cinquante kilomètres, depuis les dernières vagues grondantes du Pacifique. Mais cela, seulement jusqu'à la rencontre du rio Nazca et de ses affluents. C'est là ce qu'oublient de dire ceux qui parlent des énigmes de Nazca ! Là le paysage change à vue, aussi brutalement qu'un décor sur la scène d'un théâtre. Coupé au fil, le désert cesse, contenu, limité par une longue, féconde et verte vallée parallèle, soigneusement cultivée depuis des milliers d'années."   

Source de ces citations et extraits : Les pistes de Nazca, de Simone Waisbard.

Le mystère demeure

De multiples hypothèses ont été avancées, certaines cocasses, d'autres tournées vers les extraterrestres, puisque certains ont cru y voir des pistes d'atterrissage, mais il serait fastidieux de les reprendre ici, tellement elles sont diverses. Beaucoup d'entre elles tournent autour de considérations astronomiques, mais on peut dire sans trop se tromper que le mystère demeure entier à ce jour. 

Si ce ne sont probablement pas des pistes d'atterrissage pour visiteurs de l'espace, il n'est cependant pas impossible que ces "lignes, pistes et dessins" puissent avoir un certain rapport avec des visiteurs venus d'ailleurs, nos "Frères de l'espace", comme semble le suggérer un autre site du Pérou que nous évoquerons sous peu. 

Quoiqu'il en soit, pour ceux qui auront eu l'occasion de survoler le site, un moment inoubliable, que peut remémorer des années plus tard le certificat de vol délivré par la compagnie opérant les vols sur place, comme celui qui nous fut attribué en ce 15 septembre 1976.