mardi 12 juin 2012

Bosnie, Kosovo : des dessous méconnus d'un conflit ?


Ce post fait suite à celui du 23 avril 2012 évoquant le conflit en ex-Yougoslavie qui a dégénéré en guerre en avril 1992, et, en même temps, est à rapprocher d'un prochain post consacré à un récit relatant un évènement sortant de l'ordinaire, ayant eu lieu dans cette région du monde, et susceptible de mettre à mal certaines croyances religieuses étriquées. 

Conflits et guerres

Probablement n'avons nous généralement qu'une vue relativement limitée de l'origine et de la nature réelles de certains conflits. A ce titre, d'un certain point de vue, il est certainement permis de considérer les deux guerres mondiales du siècle passé comme un seul conflit s'étendant de 1914 à 1945. Quant aux racines profondes des conflits et guerres, sans doute nous échappent-elles bien souvent. L'on peut d'ailleurs s'interroger sur celles de ce conflit israélo-palestinien qui n'en finit plus de durer et la question peut se poser s'il ne faut pas les situer dans un très lointain passé, dans une époque extrêmement ancienne...

Y aurait-il donc également un éclairage particulier pour l'ex-Yougoslavie ?

Sans doute avons nous encore en mémoire les terribles images présentées tous les soirs aux journaux télévisés, de ce conflit étendu à différents pays, consécutivement à l'agression serbe. Peut-être les noms du Kosovo et de la Bosnie ont-ils été associés plus spécialement à cette horreur, sans que les tenants et les aboutissants puissent être mis en évidence, même si, en apparence, ils semblaient clairement relever de la recherche de pouvoir de l'un ou l'autre dirigeant, et d'un nationalisme exacerbé, peut-être instrumentalisé.

Comme l'indique ce passage emprunté à Wikipédia : " [...] C'était justement lors de la commémoration des 600 ans de la bataille du Kosovo, le 28 juin 1989, que Slobodan Milosevic, en tant que nouveau président de la Serbie, fait un discours ayant pour but d'exalter le nationalisme serbe, discours qui marqua un tournant tragique dans l'histoire de la Yougoslavie." (Source : Wikipédia)

Le Kosovo et la bataille de Kosovo Polje

Sans vouloir entrer dans une analyse complexe, juste quelques indications pour se faire une petite idée, en se référant à l'une ou l'autre source, la première étant une référence incontestable,  Le Monde diplomatique :

Le Monde diplomatique indique dans un article encore en ligne que  , " l'histoire du Kosovo est source de deux lectures, l'une albanaise, l'autre serbe."

"Les nationalistes serbes ont toujours considéré le Kosovo comme le "berceau" de leur civilisation, leur foyer culturel et religieux puisque c'est sur ce territoire qu'est fondé en 1219 l'archevêché de Pec. Plus de 1500 églises et monastères seront construits par la suite.[...]"  

"Les Kosovars albanais estiment que le Kosovo fit partie de la nation albanaise bien avant l'arrivée des Slaves dans la région aux VI et VIIe siècles. [...]
    
" [...] Le 28 juin 1389 à la bataille de Kosovo Polje, au Champ aux Merles, l'empire Ottoman défait le royaume de Serbie. La région devient le symbole de la tragédie nationale et de la lutte contre les Turcs. Cette bataille a également pris une dimension mythique car, selon la légende, un messager divin se présenta au prince serbe Lazar, la veille de la bataille, lui donnant le choix entre le royaume terrestre et la victoire de son armée ou le royaume céleste et la défaite. Lazar choisissant le royaume des Cieux, l'armée serbe et son prince périrent dans la bataille, ainsi investie d'un sens religieux. [...]" 

Source :   http://www.monde-diplomatique.fr/cahier/kosovo/histoire

Bosnie et bataille du Kosovo : un second éclairage  

Une deuxième source intéressante à nos yeux, au vu de la thématique de ce blog, est constituée par un livre du pacifiste américain James Twyman, livre intitulé Le Secret du Disciple Bien-Aimé (Les Editions des 3 Monts - 2000), livre apparemment épuisé.

Pacifiste engagé, il s'était rendu en 1994 dans cette ex-Yougoslavie où de façon assez étrange il est entré en contact avec une communauté secrète et mystique encore active à ce moment précis dans cette contrée, entre Croatie et Bosnie, et dont on croit comprendre, après lecture également de son précédent livre de 1996: L'émissaire de la Lumière (Ed. J'ai lu ; Ariane Editions), qu'il s'agirait de "la branche la plus secrète et insaisissable de l'Ordre du Disciple Bien-Aimé fondé par Saint Jean", en quelque sorte en charge d'une mission ésotérique à travers les siècles .  

Dans Le Secret du Disciple Bien-Aimé, James Twyman rapporte également qu'à moment donné il a croisé la route du père John (  un prêtre un peu en marge de l'Eglise ?) et qu'à travers leurs échanges, ils sont arrivés à des conclusions, ou fortes présomptions, étonnantes. A savoir que les branches les plus ésotériques de cette communauté se sont retirées dans la clandestinité, et que, plus tard, plusieurs composantes de cette communauté furent déclarées hérétiques et massacrées par l'Eglise.

Quelques extraits clés de leurs conversations:

"Par exemple, la seule nation à avoir fait de cette société ésotérique sa religion officielle fut la Bosnie. Ils furent appelés Bogomils, ce qui signifie "amoureux de Dieu". Les Cathares et les Chevaliers du Temple étaient aussi membres de cet ordre, ils furent aussi massacrés."    

"[...] En fait, à proprement parler, ils ne se nommaient pas eux-mêmes Bogomils. Ils s'appelaient simplement chrétiens, et n'avaient ni hiérarchie, ni pape. Les hommes et les femmes étaient égaux. Leur foi et leur vie se déroulait simplement . En conséquence, ils étaient une menace pour l'église institutionnelle, et dans cette perspective, ils devaient disparaître. La Bosnie, comme vous le savez, est prise en étau entre la Croatie et la Serbie. Les croates catholiques et les serbes orthodoxes ont terriblement persécuté les Bogomils, et ces persécutions se poursuivent encore de nos jours. [...]"

"[...]  Au fur et à mesure que l'Eglise grandissait et gagnait en influence, il devenait de plus en plus difficile pour la hiérarchie de savoir ce que faisait sa contrepartie plus secrète. Pierre avait eu les paroles de Jésus pour confirmer le rôle de Jean, mais que pouvait-il se passer mille ans plus tard alors que l'Eglise était devenue une institution politique corrompue ? Les quelques centaines d'années qui suivirent, l'Eglise lança de nombreuses croisades pour détruire ces communautés. C'est ce qui les poussa à opérer clandestinement, et c'est ce qu'elles ont fait jusqu'à nos jours."

De plus, "Comme le dit Jésus dans l'Evangile, la lignée de Jean attendrait la Seconde Venue du Christ" .

La bataille du Kosovo : quelle interprétation ?

Dans son ouvrage (paru aux Editions des 3 monts, et traduit de l'anglais par Laurence Tayoro), James Twyman  a également inséré (pages 81 à 84) un extrait d'un rapport soumis par le père John, et intitulé : La signification réelle de la bataille du Kosovo. Bien que le livre soit épuisé, ne pouvant le reproduire intégralement ici pour des raisons évidentes de droits (mais il est disponible en anglais sur le web)  voici cependant les passages les plus significatifs, en espérant que Jean-Claude Genel, qui a également préfacé le livre, ne nous en tiendra pas rigueur :

"La bataille du Kosovo eut lieu le 28 juin 1389 entre la Coalition Chrétienne dirigée par le Tsar Lazar de Serbie et les forces Musulmanes turques menées par le Roi Murad. Le Tsar Lazar n'était pas seulement un grand chef, il était aussi très spirituel, un saint homme. Cette histoire, racontée à l'école à chaque enfant serbe depuis de multiples générations, relate un événement extraordinaire.

La nuit précédant la bataille, le prophète Elijah apparut au Tsar Lazar sous la forme d'un faucon gris et lui donna un message de la Sainte Vierge, Marie: il pouvait remporter une grande victoire matérielle ou spirituelle. C'était son choix. S'il choisissait la victoire matérielle et le Royaume sur Terre, lui et ses troupes seraient triomphants sur le champ de bataille. S'il choisissait la victoire spirituelle et le Royaume des Cieux, alors ils mourraient tous. Etant un homme d'une profonde foi chrétienne, le Tsar n'hésita pas et choisit la victoire spirituelle. Le lendemain, la bataille fut perdue et le Tsar Lazar ainsi que le Roi Murad furent tués.

La signification de la victoire spirituelle promise était la mort et la défaite du nationalisme ethnique et religieux afin de construire quelque chose de plus fort: une culture musulmane et chrétienne dans les Balkans. Le choix du Tsar Lazar à l'égard d'une grande victoire spirituelle conduisait éventuellement à l'éclosion de diverses cultures religieuses et ethniques vivant ensemble dans la paix et le respect mutuel. Cela était ressenti plus intensément en Bosnie, et à Sarajevo, où la cathédrale catholique romaine, la vieille mosquée, la vieille église orthodoxe serbe et le temple juif séfarade étaient environ à deux cent mètres les uns des autres. Ainsi Sarajevo devint un modèle d'espoir pour le futur de l'humanité et un rempart contre le fanatisme et le fondamentalisme religieux. 

La mauvaise interprétation de cet événement par les nationalistes serbes, et leur réaction négative à la défaite matérielle, les ont conduits depuis à essayer de faire machine arrière - comme si la bataille n'avait jamais eu lieu, comme si les musulmans n'avaient jamais été au Kosovo, comme si les centaines d'années d'éclosion culturelle et l'héritage unique de la cohabitation des musulmans et des chrétiens n'avaient jamais existé, comme si le Tsar Lazar avait choisi la victoire matérielle plutôt que spirituelle.

Le monument de la Bataille du Kosovo au "Champ des Merles" devint plutôt un symbole du nationalisme ethnique et religieux serbe. Les valeurs prônées par le Tsar Lazar dans son choix pour une victoire spirituelle furent répudiées. La Serbie se détourna du voeu et du choix de son plus grand chef spirituel, ainsi que de la promesse que la Sainte Mère lui avait faite.

Ceci les éloigna de l'accomplissement de leur destinée spirituelle pour laquelle le Tsar Lazar s'était sacrifié. Par mégarde, les serbes devinrent les agents des forces des ténèbres avec qui ils s'étaient inconsciemment alliés. Leur nation se transforma en un portail béant où la malveillance put s'installer, à leur propre détriment et celui du monde entier. [...]

Et le père John de faire remarquer encore dans ce rapport que la première guerre mondiale fut déclenchée par l'assassinat de l'Archiduc Ferdinand à Sarajevo par un nationaliste serbe, le 28 juin 1914, date anniversaire de cette bataille du Kosovo, entraînant de fait le grand conflit de 1914-1945 !

Commentaires du webmestre

Simples hasards de dates, ou, y a t'il des leçons à tirer de ces événements ? Pour notre part, nous ignorons quel est le degré d'exactitude de cette seconde interprétation, mais il nous a semblé intéressant d'essayer de donner un éclairage différent, complémentaire à celui de Wikipédia et celui du Monde diplomatique, déjà fort instructif. A chacun d'essayer de reconstituer le puzzle.