mardi 27 novembre 2012

Patrick Viveret : "Réintroduire l'amour en politique"

En date du 16 janvier 2012, nous avions déjà publié un post: "Patrick Viveret : la spiritualité en temps de crise". Il y a déjà quelques semaines, un mail nous est parvenu attirant notre attention sur un entretien avec Patrick Viveret, paru dans la revue Clés d'août - septembre 2012. Il nous a paru utile d'en reprendre quelques courts extraits, sachant que l'article est en ligne. Sans aucun doute, une réflexion d'une criante actualité.

"Il faut réintroduire l'amour en politique"

C'est sous ce titre que la revue Clés livre ces intéressants propos, recueillis par Patrice Van Eersel, dont voici des extraits:

[...] J'aime cette phrase de l'Italien Antonio Gramsci : "La crise se produit quand le vieux monde tarde à mourir et le nouveau à naître." Il ajoutait: "Dans ce clair-obscur, des monstres peuvent surgir." Quand un monde s'achève, apparaissent les traits les plus caricaturaux. Le système économique mondial  nous donne l'impression d'être plus brutal que jamais: c'est le signe de son déclin plutôt que de son renforcement.

[...]  Il y a sur cette planète de quoi nourrir, éduquer et soigner 10 milliards d'humains. Mais si l'élite soigne son mal de vivre et son angoisse de mort par du surstockage, sa jouissance ne va qu'à la possession et pas à la création, à la relation ou à l'éducation. Cela tarit les flux humains et on aboutit à une fausse rareté qui étrangle une partie de la population.

[...]   Les deux milliards d'êtres humains qui vivent avec moins de deux dollars par jour ont des potentialités d'échange et de création de richesses 10,20,30 fois supérieures à ces deux dollars. Pourquoi ? Du fait de leur expérience, de leur savoir-faire, de leur imaginaire, de leur créativité. Pas besoin d'être un expert pour comprendre qu'il y a un bug tragique quand il y a un tel décalage. A l'autre bout de l'échelle, les plus riches tentent d'éponger leurs surplus en s'offrant yachts, jets privés, villas...

P.VE : Keynes suggérait-il une solution à ce déséquilibre ?

Il a cette expression étonnante: "Le problème c'est que nous n'avons pas appris à jouir." Comprenez: nous n'avons pas appris la joie de vivre. Selon Spinoza, nos deux émotions majeures sont la peur et la joie. Les logiques de domination, de captation ou de destruction renvoient à la peur. Celles qui permettent d'en sortir s'organisent autour de la joie. J'estime que réintroduire la question du bonheur et de l'amour dans les relations politiques est une priorité. [...]

Source : Clés

L'entretien est en ligne sous:      http://www.cles.com/debats-entretiens/article/patrick-viveret