vendredi 20 novembre 2015

Mikhaïl Gorbatchev et son Manifeste pour la Terre


Mikhaïl Gorbatchev, un homme "inspiré"

Si le grand public connaît généralement assez bien le rôle déterminant qu'a pu jouer, dans un contexte difficile, Mikhaïl Sergueïevitch Gorbatchev, alors à la tête de l'URSS, dans le processus de libéralisation dans son pays et de détente au niveau international, son engagement en faveur de la cause écologiste et pacifiste est lui plutôt méconnu.

Pourtant, dès l'année 2002, est paru aux Editions "Le Relié" son ouvrage: "Mon Manifeste pour la Terre". En le lisant, l'on découvre à quel point il est sensible à la notion de conscience planétaire et combien son analyse se vérifie aujourd'hui en ces temps troublés où le terrorisme a ensanglanté Paris. Paix, lutte contre la pauvreté, environnement : tout est lié et il y a urgence à agir, disait-il déjà à l'époque.



Un extrait du livre

"Aujourd'hui, aucun être humain, quelle que soit sa religion, quelle que soit la partie du monde où il vit, ne saurait se soustraire aux trois défis que lance le nouveau siècle.

Le premier de ces défis, c'est la nécessité de maintenir le monde en paix, de faire en sorte que la communauté internationale s'efforce de mettre fin aux conflits prétendus locaux en les empêchant de s'étendre, telles des taches sanglantes, sur la planète. Parmi les acteurs de ces conflits, certains Etats sont dotés de l'arme nucléaire ou sont en passe de l'être, certains pays disposent d'armes chimiques. La communauté internationale doit se montrer également unie dans la lutte contre le terrorisme, qui ne saurait être justifié par aucune considération politique ou morale.

Le deuxième défi concerne la lutte contre la pauvreté partout dans le monde. Comment le "milliard nanti" d'individus servis par la chance peut-il rester indifférent au spectacle de la misère où se débat la moitié de la population du globe, réduite à vivre avec un ou deux dollars par jour, souffrant quotidiennement de la faim, souvent privée d'eau potable et de conditions d'hygiène décentes ? Comment peut-on admettre qu'à l'époque d'Internet et de la mondialisation , des millions d'enfants soient contraints de ne subsister qu'au prix de travaux pénibles et se voient interdit tout accès aux études ?

Le troisième défi touche aux problèmes d'environnement. Les changements climatiques qui affectent le monde aujourd'hui sont évidents, le nombre de cataclysmes naturels - typhons, tempêtes, inondations, sécheresses - est en constante augmentation, quantité d'espèces végétales et animales sont en voie de disparition, les calottes glaciaires des pôles fondent progressivement, les océans sont de plus en plus pollués, des forêts primaires sont anéanties à une vitesse prodigieuse. Nous sommes entrés en conflit avec notre propre milieu d'habitation, c'est à dire la nature, notre terre nourricière.

Ces trois défis lancés à l'humanité sont interdépendants. Si on échoue à construire l'unité du monde, à mettre fin aux guerres, à surmonter les conflits qui menacent la planète, on échouera également à amener toutes les nations à coopérer dans d'autres domaines, et notamment à faire en sorte qu'elles unissent leurs efforts pour sauver la planète.

Si on ne lutte pas contre la misère, si on ne parvient pas à combler l'abîme qui sépare les riches des pauvres, les gens instruits des analphabètes, jamais nous ne viendrons à bout du fanatisme grandissant, de la criminalité, de la toxicomanie, autant de plaies faisant le lit du terrorisme. Si on lutta pas contre la misère, les mesures écologiques resteront vaines. Comment interdire à un paysan indigent du bassin amazonien de défricher la jungle pour semer un champ ? Comment exiger d'un pays pauvre qu'il prenne des mesures coûteuses pour créer des entreprises écologiquement propres ?

Mais, si on ne s'occupe pas d'écologie, tous nos efforts pour bâtir un monde plus juste se trouveront voués à l'échec, et nos descendants devront, durant des centaines et des milliers d'années, payer notre comportement insensé et destructeur envers la nature. La vie même sur Terre risque de s'éteindre, comme un épisode éphémère de l'histoire de l'Univers"  

Mikhaïl Gorbatchev  (Mon Manifeste pour la Terre  - Editions Le Relié - 2002)